Les Lames
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L.
L.
[ The Creative ]
Messages : 14
Date d'inscription : 17/02/2016

Memento Mori; souviens toi que tu vas mourir... Empty Memento Mori; souviens toi que tu vas mourir...

Mer 20 Avr - 4:25
Chapitre I
Empathie extrasensorielle


Le paradis des fous, est l'enfer des sages - Thomas Fuller

L'on dit qu'au jour de ma naissance, le ciel était enragé. "Chaos d'Ogrest", criait-on dehors tandis que la foudre divisait les cieux en parcelles inégales. Ma mère me confia que nul n'entendit jamais mon premier cri, et qu'un coup de tonnerre assourdissant en avala l'écho comme si les dieux s'étaient ligués pour faire taire ma voix dès le premier jour.

Mon père était un homme aimant et protecteur, et son nom était respecté sur l'île toute entière. Ma mère m'offrait autant de temps qu'il m'en fallait, si bien que je n'ai jamais manqué d'affection étant enfant. Je me souviens du jour où j'ai intégré l'académie d'Huppermagie; c'était une journée ensoleillée et mon père me tint la main jusqu'à ce que nous faisions face à l'édifice d'un blanc immaculé. Le bleu et l'or seuls coloraient les façades, et une légion d'aspirants attendaient devant les escaliers, entassés comme une meute de chiens aux pieds de ceux qui deviendraient leurs professeurs.

J'étais intimidée par la prestance qui émanait d'eux; du moindre de leur geste; par leur allure, et par la force qui habitait leurs regards. Ils nous jugeaient avant même que nous n'ayons à leur parler, ils nous cernaient en un seul regard. Instinctivement, je serrais la main de mon père, et nous poursuivîmes notre marche vers la foule. De nombreux élèves étaient venus seuls, et les accompagnateurs des autres me semblaient tous misérables en comparaison de mon père. Il rayonnait où qu'il se trouve, et il se dégageait de lui une aura qui à elle seule suffisait à dissiper mes doutes et mes craintes.

Dès lors qu'il me fallut avancer seule, je me sentit comme démunie et abattue. La chaleur de sa main me manqua aussitôt que j'en perdis le contact. J'étais seule dans une foule d'aspirants qui, comme moi, allaient amorcer leur cursus cette année. Ma première journée se passa terriblement mal. Je n'eus aucun répit, aucun instant de repos; je dût supporter la foule tout du long. L'on nous fit visiter l'académie, l'on nous présenta à nos professeurs, et l'on nous expliqua comment se déroulerait notre année. Le choix des cours que nous pourrions suivre serait déterminé le lendemain.

A-t'elle été une meilleure journée ? Non. Il y avait toujours autant de monde, des rires qui tonnaient dans les couloirs, les conversations des élèves, les discours des professeurs, du bruit, des odeurs agressives, l'enthousiasme de certains et le pessimisme des autres. Je sentais chaque pas sur le dallage. J'entendais chaque mot, de chaque conversation; et je parvenais à en rétablir le sens une fois libérée de l'agitation. Je pensais d'abord qu'il s'agissait d'un don, d'une bénédiction accordée par les dieux, mais mes capacités sensorielles me condamnaient à entendre leurs voix toute la journée durant. Je voyais leurs visages la nuit, et je revivais mes journées mille fois pour pouvoir explorer chaque détail que j'aurais manqué dans l'immédiat. Le calme et la sérénité m'étaient interdits, et si l'isolement dans lequel j'avais vécu jusque là m'avait préservée de la folie, mais mon intégration au sein de l'académie rendit chacune de mes journées invivable.

J'aurais du être aux dortoirs, le soir où ma vie m'a été volée. Je n'aurais jamais du savoir ce qu'il s'était passé, et qui avait été responsable. Il me fallait régulièrement quitter les murs de l'école et savourer pleinement le calme serein qui régnait au sein du manoir de ma famille; mon lit était le seul dans lequel je parvenais à dormir sans que le souvenir de mes journées ne me hante.
De combien de nuit paisible ai-je été privée au cours de ma scolarité ? Combien d'insomnies, combien de terreurs nocturnes alors que je subissais les douleurs des autres ? Combien de sévices m'ont-elles été infligées par le biais de ce don maudit ? Je ne saurais faire le décompte, mais si mon foyer était agréable, je n'eus jamais la tranquillité que tout enfant est en droit d'espérer.

Veillait-il déjà sur moi, pour que la folie m'eut été épargnée ? Aurais-je été capable de survivre, s'il n'avait pas pris soin de moi ? Je suis convaincue au plus profond de moi qu'il eut toujours un impact sur ma vie; et jamais il n'a été aussi fort qu'aujourd'hui...

L.
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Memento Mori; souviens toi que tu vas mourir... Empty Re: Memento Mori; souviens toi que tu vas mourir...

Mer 20 Avr - 19:25
Chapitre II
La voix du dessous


C'était cela, la vie, cette descente continue vers le néant... tout tombait, l'univers n'était qu'un immense, qu'un extatique engloutissement - J.M.G Le Clézio

Memento Mori; souviens toi que tu vas mourir... Unawak10

Comment aurais-je pu deviner, à cette époque, que la sérénité dans laquelle me plongeait la demeure de notre famille n'était pas due à ses murs, mais à la chose qui sommeillait dans ses profondeurs ? Que si je n'entendais plus les voix, c'était que cette créature protégeait mon sang et mon esprit dans un but parfaitement intéressé ?

Ma scolarité n'avançait pas. Chaque journée était un calvaire plus rude à endurer que la précédente; je synthétisais tout ce que j'entendais, je retenais le moindre mot, le moindre regard; jusqu'à la moindre expression qui passait sur les visages que je percevais dans ma vision périphérique. Je n'avais droit à aucun répit, mes oreilles bourdonnaient à longueur de journée, un sifflement aigu me traversait les tympans et me rendait sourde aux tentatives des autres élèves de m'aborder. Je n'avais aucun ami. Je n'avais personne à qui parler.
Quand il m'arrivait, au soir, de rentrer au manoir, épuisée par ces interminables journées, je ne trouvais pas même la force d'entretenir une conversation avec ma mère, qui n'était pas en mesure de me comprendre. Nul ne l'était. Il aurait fallu être à ma place, pour saisir la portée de ma malédiction.

Je fis sa rencontre au cours de mon sixième mois d'apprentissage. Le manoir était vide, et je savourais le coeur léger le silence dans lequel je pouvais me plonger une fois entre ses murs. Quand il vint à moi pour la première fois, ce fut avec un vent de terreur que je l'accueillis. Sa voix était douce, mielleuse et rassurante; mais la peur d'être prise d'assaut au sein même de mon impénétrable refuge suffisait à elle seule à me saisir d'effroi.

Le bon sens reprît rapidement le dessus, et ses mots m'apparurent comme des conseils; des ordres. Elle n'était ni directive, ni menaçante, mais me soumettait à une attraction à laquelle rien n'aurait pu me soustraire. Au fond de moi, jamais je n'ai pu l'imaginer autrement qu'ayant l'allure d'un bel homme de ceux auxquels l'on confierait sa vie et son avenir, de ceux dont un seul regard suffisait à vous faire fondre d'envie. Sa présence était chaude et je la sentit s'intensifier à chaque pas, à chaque marche que je dévalais en progressant vers le bureau de mon père.

L'avais-je déjà vu faire, était-ce instinctif, ou bien la Voix avait-elle guidée ma main pour trouver la clé de sa sinistre prison ? Je n'obtint jamais de réponse, mais mes doigts se fermèrent naturellement autour d'un des deux pommeaux gravé qui ornait la cheminée du cabinet, et mon pouce trouva de lui même la manière dont il fallait presser la gâchette dissimulée tout près de son socle.

A bien y réfléchir, je n'avais jamais vu le feu de l'âtre allumé, et je comprit alors pourquoi, bien que mes sens furent brouillés par la chaleur de la Voix. Les maçonneries s'ébranlèrent aussitôt, et les pierres tournèrent, glissèrent, s'imbriquèrent et se séparèrent jusqu'à laisser paraître un couloir étroit qui descendait dans les profondeurs. Une odeur d'épices qui, en temps normal, m'aurait semblé insoutenable monta du boyau abyssal dans lequel je m'engouffrais sans la moindre hésitation, possédée par la curiosité et soumise à la volonté que sa Voix m'imposait.

Je n'eus pas besoin d'éclairage pour trouver mon chemin malgré les escaliers et les embranchements. Chaque dalle que je passais me rapprochait un peu plus de lui et de la plénitude, jamais je ne m'était sentie aussi tranquille et apaisée qu'en cet instant qui scellerait mon destin. Je n'avais ressenti ni peur ni appréhension, quand la lumière rougeoyante qui émanait de lui apparut au bout d'un long tunnel étroit et curieusement sec. J'aurais pensé qu'un endroit si profondément enfoui aurait été humide et froid, mais sa proximité semblait avaler toute l'eau qui aurait pu couler sur les murs de son sanctuaire.

J'y étais. Il était devant moi, enchâssé sur un bras de pierre. Un brassard qui couvrait la moitié du poignet, fait de l'or le plus scintillant éclairé par une lumière d'un rouge tamisé qui semblait provenir de nulle part et de partout à la fois. Un pas. Deux pas. Ma main se tendit vers lui comme si quelqu'un l'avait tenu pour moi, et mes doigts étreignirent ceux de la statue de marbre.
Une vive douleur me glaça le sang quand la paume de ma main embrassa la sienne; une épine d'acier y avait été installée, peut-être en prévision d'un jour comme celui-ci ? Je n'aurais pas pu le deviner à cette heure là, mais tout ce que je vivais avait été écrit des siècles auparavant. Et l'héritage qui m'incombait avait échu à tout ceux qui étaient venus ici avant moi; à tout ceux qui partageaient le sang des Salem.

Je vis chaque goutte couler vers le poignet de la statue, et s'insinuer entre les lignes des motifs qui décoraient le brassard avant de disparaître, comme englouti par le métal. J'eus l'impression de voir un morceau de chair morte revenir à la vie. Si l'or était resplendissant au premier regard, il me semblât qu'il se mit à scintiller et à étinceler quand son repas fut consommé.

Un oeil apparut à sa surface, puis un second; implantés dans les deux globes oculaires d'une moomouche gravée au centre des motifs, et des siècles d'expérience et de mémoire m'engloutirent dans les ténèbres d'un sommeil profond et mouvementé.


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L.
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Memento Mori; souviens toi que tu vas mourir... Empty Re: Memento Mori; souviens toi que tu vas mourir...

Jeu 21 Avr - 19:07
Chapitre III
Plus dure sera la chute


Quand règne ce qu'on appelle "un silence de mort",l'atmosphère est sinistre. De quoi a t-on peur ? Des fantômes ? Sûrement pas. Ce que nous craignons, c'est ce qui pourrait surgir du plus profond de nous même et que le bruit tiens a l'écart. - Carl Gustav Jung

Memento Mori; souviens toi que tu vas mourir... 14264110

Je dormis trois jours durant, m'avoua mon père à mon réveil. Trois jours plongée dans des souvenirs qui ne m'appartenaient pas; trois jours au cours desquels la Voix me parlait sans interruption et me plongeait au coeur des vies de tout ceux qui m'avaient précédée. Des générations d'huppermages élevés pour explorer les pouvoirs infinis du brassard, qui se dressèrent comme un rempart d'acier entre le règne tyrannique des démons et la civilisation en retournant contre eux ses pouvoirs destructeurs; des générations de gardiens dont les souvenirs avaient fusionnés avec leur Shushu jusqu'à influencer sa personnalité.

Je n'eus pas un doute sur le bien fondé de leur démarche, ni sur la fidélité d'Azazelax; tel était son nom. Il était le glaive des Salem depuis l'ère des Dofus, et une seule goutte de sang avait suffit pour qu'il m'offre un fragment de ses pouvoirs. Quand j'ouvris enfin les yeux, je vis les visages de mon père et de ma mère comme je ne les avaient jamais vus. Je me sentais investie par une force nouvelle, et bien que mon réveil balaya l'inquiétude dans leurs regards, je pouvais sentir l'anxiété dans leurs étreintes.

Je pouvais sentir beaucoup de choses. Mon corps était traversé par des sensations étrangères; le monde me semblait plus lumineux, plus net, chaque son m'était plus agréable, ma peau était plus sensible et réactive, et j'étais convaincue que mon cerveau fonctionnait plus vite. Ou bien était-ce tout autour de moi que le monde fonctionnait au ralenti ? Mais ce qui me frappa en premier, ce fut la manière dont mon esprit traitait désormais les données que je récoltais.

Là où j'étouffais sous le flot continu d'informations que mes sens captaient auparavant, là où il me fallait des nuits entières sans dormir pour synthétiser et comprendre tout ce que j'avais vu, senti et entendu, il n'y avait plus la moindre latence. Les informations étaient reçues et traitées en un battement de cil, et la perspective de ce que cela impliquait fit grandir un sourire satisfait sur mon visage encore juvénile.

Ni ma mère ni mon père ne semblaient partager mon enthousiasme, et il fallut près d'une heure à ce dernier pour me mettre en garde contre les dangers qu'impliquaient l'usage d'une telle puissance. Je l'entendis, mais je ne l'écoutais pas. Quels dangers pouvaient me menacer, maintenant ? J'étais toute puissante, et pour rien au monde je n'aurais laissé filer l'opportunité de vivre plus longtemps sous l'influence de mon protecteur. Pour rien au monde.

Mon père m'interdit l'accès à son bureau; et bien entendu aux sous-terrains. Il ne quitta plus jamais le manoir sans fermer la porte à clé et sans emmener la clé avec lui. Mais j'avais d'autres solutions. Les effets de l'échange duraient entre sept et douze jours; et dès lors que je les sentis se dissiper qu'un nouvel appel résonna entre mes oreilles. Il me suffisait de verser quelques gouttes de sang sur le sol au point qu'elle m'indiquait, et son pouvoir m'investissait à nouveau.

Aurais-je été plus sage, si j'avais eu conscience que ce réveil allait être la cause de l'une des plus grandes pertes de ma vie ? J'en doute. Il me permit de troquer mon insoutenable quotidien contre une vie resplendissante où tout ce que je faisais me semblait meilleur, plus intense. Ou je pouvais parcourir les pages d'un livre en quelques secondes seulement, ou je pouvais retenir d'un cours jusqu'au moindre détail énoncé par mon professeur, tout en ayant la parfaite conscience de tout ce qui était dit autour de moi. J'entendais tout. Je voyais tout. Je ressentais tout.

Sept mois passèrent et mes pouvoirs s'accrurent considérablement; bien que je me gardais de faire étalage de ces nouvelles aptitudes pour ne pas éveiller les soupçons  de mes enseignants tout comme ceux de mes parents. Mon père gardait un oeil sur moi mais rien ne laissait présumer que je pouvais encore accéder à la crypte, si bien qu'il n'eut jamais l'opportunité de me reprocher quoi que ce soit. Ma vie ne souffrait plus d'aucun défaut, et je pense encore aujourd'hui n'avoir jamais connu de jours plus heureux.

Tout changea en un soir. Un soir au cours duquel je rentrais au manoir pour me ressourcer; prétextant devant mes parents que leur chaleur me manquait encore. Et je me souviens aujourd'hui encore de la désagréable sensation d'urgence qui s'était emparée de moi. Pourtant, malgré cette mise en garde, j'étais trop jeune et arrogante pour songer ne serait-ce qu'un seul instant que l'on puisse troubler le calme qui avait pris le dessus sur les troubles de ma vie.

Mes capacités de perception étaient cependant bien trop développées pour que je manque l'écrasante aura de pouvoir qui s'était déployée tout autour du manoir. Il existait donc des êtres vivants aussi puissants, sur l'île de Rok ? J'entendis une explosion en franchissant le portail du domaine, et si je me suis ruée vers sa porte défoncée, il ne me fallut pas longtemps pour perdre tout le courage que j'avais accumulé en amont. Du courage ? Non, en vérité, il s'agissait uniquement d'impertinence et de suffisance. Je ne sais pas si c'est mon protecteur qui me mis en garde contre le sort qui m'attendait si je me dressais contre ces tueurs, ou bien si au contraire il me fit défaut et laissa livrée à mes émotions, mais je ne put m'empêcher de me terrer sous le porche quand je les entendit approcher.

Mon coeur battait à si vive allure que j'avais le sentiment de l'entendre résonner dans mon corps tout entier, et je tremblais si fort que je craignais qu'ils ne m'entendent en passant au dessus de moi. Je tint mon miroir dans l'angle de mon terrier pour les observer à l'abri de leurs regards, et je pus voir leurs visages. Ils devaient avoir une quarantaine d'années, et c'est presque à regret que je mémorisa jusqu'au moindre trait de leurs faces de  meurtriers. Je sut avant même qu'ils ne quittent le domaine que je ne trouverais pas âme qui vive au sein du manoir, et que mon protecteur s'était envolé.

J'en prit conscience quand je sentis son murmure s'éteindre doucement à mesure qu'ils s'éloignaient de moi, leur butin funeste en poche. Quand je sentis les dernières étincelles du pouvoir qu'il m'avait offert mourir au fond de moi. Je savais, mais il me fallait le voir. Je m'engageais dans le hall du manoir à petits pas, de peur que les sept silhouettes obscures ne reviennent sur leurs pas et n'entendent le craquement du verre brisé sous mes bottes. Les larmes se mirent à couler sur mes joues avant même que je n'aperçoive son cadavre, tordu selon un angle improbable. Ma mère paraissait si fragile, brisée et mutilée; son corps ressemblait à un tas de chiffons imbibés de sang et partiellement consumé. Mon père, lui, avait encore les yeux ouverts. Il gisait adossé contre son bureau. La moitié de son visage était carbonisée, ses cheveux, ses yeux et sa peau semblaient avoir fondu, et un trou large comme un poing lui traversait la poitrine, encore fumant et rayonnant de pouvoir.

"Fuis." C'est là le dernier mot qu'il articula, ou au moins est-ce celui que je crus entendre quand sa mâchoire inférieure retomba sur son cou flasque. Et j'obéis. Je fuis sans me retourner, je courus jusqu'à ce que mes jambes ne puissent plus me porter. Alors je me mis à ramper, et ce jusqu'à ce que mes coudes et mes genoux ne soient plus en mesure de l'endurer. Alors je me mis à pleurer, jusqu'à ce que toute volonté m'ait abandonnée.

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