[BG Wanupo] Feu et cendre

Chapitre -2 : « Un tango dans les flammes »

« Il était magnifique ». C’était la première pensée de l’Ecaflip, en regardant le toit intérieur de l’édifice du temple en l’honneur du dieu Sram. Il retirit d’un geste vif son long sabre noir du crâne du disciple du temple, et se mit à grogner en voyant l’énorme trace de sang qu’il avait laissé contre le mur. «  Regarde ce que tu m’as fait faire… De si jolies enluminures. Quel gâchis. »

Enrique savait ce qu’il était venu chercher. Tuer des gens n’étais pas vraiment une source de plaisir pour lui, mais il aimait se sentir supérieur. Il s’appretait à lancer une carte à jouer sur le sram, quand il entendit des talons  résonner sur le marbre sombre.
« Tu n’es pas le bienvenu ici, ecaflip. Je sais ce que tu es venu chercher… Tu ne l’auras pas. » Les cheveux de jais de la prêtresse sram était lentement bercé par le souffle du vent s’échappant de la grande porte fracassée. Les froufrous de sa longue robe volettait,se frottait lentement les uns contre les autres en provoquant un bruit doux.

Un bruit qui fut rapidement estompé par le crissement du sabre d’Enrique sur le sol. « Mais ne serait-ce pas… La fabuleuse Faucheuse Noire ! Quelle surprise… Moi qui pensait que je serais seul ce soir, voilà que la plus magnifique de toute les perles de Brakmar m’invite à danser. »

L’écaflip leva son chapeau du bout du doigt, envoyant à la sramette un sourire ravageur, ses yeux cachés par l’ombre de son chapeau. La « faucheuse noire » retire une bague à son doigt, puis déguaine lentement sa longue faux des chaînes dans son dos.  « La quête du gouverneur de Brakmar le mènera à sa perte… Vous pensez pouvoir les contrôler sous cette forme, mais c’est eux qui vous manipulent… C’est donc une nouvelle Aurore Pourpre que vous voulez provoquer ? Est-ce que tu as une seule seconde pensé aux conséquences, Henry ? »

Ce sont maintenant les bottes de l’écaflip qui tintent sur le marbre. Comme dans une pièce de théatre, on pourrait presque entendre le piano monter crescendo tandis qu’Enrique présente son long sabre noir en direction de la prêtresse.

« Dansons. »

Les armes s’entrechoquent dans un rythme endiablé. Tel des instruments de musique mortels, les lames manquent à plusieurs reprise d’interrompre la pièce de théâtre indéfiniment. Les acteurs dansent. Ils sautent et virevoltent dans les airs, sur le sol. Un mur est détruit, le combat continue dans un nouveau décor… Une giclure de sang tâche un rideau noir. L’écaflip passe lentement son pouce sur sa joue gauche, ouverte, l’autre main au sol.
La sramette s’approche du félin, faisant de nouveau résonner ses talons. « Le prochain coup sera mortel… Abandonne. » Coup de théatre. D’un seul coup, des dizaines de cartes à jouer sont propulsées dans les airs. La sramette à tout juste le temps de lever le regard vers les cartes descendant doucement dans sa direction, avant qu’elles ne s’enflamment toutes ensemble, et que dans le même temps, la jeune femme ne se retrouve être plus qu’une… Flaque de sang ? La lame de la faux s’avance sur le cou de l’écaflip. La prêtresse se trouve maintenant derrière lui.

« Je t’avais prévenu. Nous ne sommes pas du même niveau, Henry. Tes petits tours de passe passe n’égaleront jamais ce que j’ai appris ici, dans ce temple… Ne m’oblige pas à finir ta vie comme elle à commencée… Sur un échec. »

Les cartes enflammées tombent lentement en direction du sol. Des cadavres de srams contre les murs, certains carbonisés. Théatre macabre. Deux acteurs au centre de la scène. Descente du rideau.

♠... A suivre ?

Chapitre -1 [Fin] : « Avant la poussière »

Tout d’un coup, elle le sentit. Il l’avait fait. Il lui avait demandé son aide pour venir à bout d’elle. Elle sentit les ténèbres s’emparer de la salle, grimper lentement tel du lière sur les vitraux et les colonnes, s’élevant vers la lumière jusqu’à cacher le ciel. Elle fit un bond en arrière, et aurait aimer pouvoir en faire autant de la tête de l’écaflip, à la mercie de la lame de sa faux. Mais elle n’en fit rien. Elle ne pouvait plus rien y faire désormais. Elle le savait.

Il n’y avait plus de sabre noir dans la main de l’écaflip. Y avait-il seulement eu un sabre à un moment ? La chose bougea. Elle se tordit, grossit, enfla, et dans un atroce bruit de craquement, ses multiples pattes longues et fines s’écartèrent de son abdomen noir, long d’au moins trois kamamètres. La créature siffla, et baissa la tête en avant pour regarder la sramette de ses quatres yeux vides. Elle éclata d’un rire inhumain qui se répercuta dans tout le temple jusqu’à en faire trembler les fondations.
« Fffffaucheuse Noire ! Dis-moi… Où est-ton dieu ? Rien ne te sauvera, ce soir. »


« … »


« Enrique ? Enrique ? Henry ? Henry, tu m’entends ? »
L’écaflip ouvrit les yeux, et leva son chapeau pour mieux distinguer la silhouette qui se tenait dans sa cabane. C’était une jeune femme d’une vingtaine d’année à la chevelure blonde se terminant en une ravissante queue de cheval tressée qui lui descendait jusqu’au bassin.

« Ne t’inquiète pas, tu as encore fait un cauchemar… Allez, sort de là. Tu es le héros national, après tout ! Des gens attendent encore que tu les sauves, tu n’peux pas juste rester dans ta chambre toute la journée ! »
L’écaflip encore à demi dans les vapes, tanta d’embrasser la cra, mais elle s’était déjà éloignée vers la petite cuisine. Il se leva avec difficultés, puis passa sa main sous son oreiller. Son sabre noir n’y était plus. La terreur s’empara de lui. La créature noire sortit de la bouche de la cra et s’éleva jusqu’au sommet de la tente, déployant ses pattes.
« Tu n’es pas un héros, Henry. Tu n’es qu’un lâche, et tu mourras comme un lâche. »


♦♦♦


« Putain- BORDEL ! »
Enrique se réveilla en sursaut dans une calèche, tirée par des moogrs. Malgrès le cri qu’il venait de pousser, aucun de ses camarades ne daigna lever son regard vers lui. Il essuya sa bouche, et tâta son flan droit. Son sabre noir se trouvait à sa place, bien serré dans son fourreau.

« Beh alors mon rouquin, on arrive pas à dormir ? Ta p’tite chérie t’as encore fait faire un cauchemar, hein ? Fait gaffe, elle va peut-être te bouffer la nouille, Bwahaha ! »
« - Nan, j’pensais à ta femme, Rost… Et putain d’bordel, j’ai eu la peur de ma vie. »
Le roublard cracha au sol, s’arrêtant de tailler le bois avec son coutelas. Un sacrieur bien bâti se crispa, et craqua ses phallanges.

« T’as peut-être l’impression d’être un privilégié… Mais on est plus dans l’centre, Ecaflip. Ceux de là-bas te considèrent peut-être comme un héros, mais ont sait tous ici que t’es qu’un pourri comme nous. La seule chose que t’as de plus pour l’instant, c’est que t’as reçu ta récompense avant nous… » Le sacrieur dirigea son regard torve vers le sabre porté à la ceinture par Enrique, et se mit à sourire, révélant une dentition en très mauvais état.

« Calmez-vous, camarades… Quand cette mission sera finit, on aura chacun notre joujou démoniaque… Souvenez-vous juste de ce que vous avez à faire. On les gardes bien serrés dans leurs boîtes… On continue en passant par les coins les plus paumés où on va étaler nos campement le temps de récupérer… Et on ramène le matos au Gouverneur de Brakmar. » La voix calme et posée du sram encapuchonné fit taire l’assistance dans un silence mortel, avant que la calèche ne s’arrête brusquement.

« Et voilà les gars… La crique Krok, l’endroit le plus paumé des landes de sidimotes. »
Enrique réajusta son chapeau et se leva, admirant le paysage du minuscule hameaux coincé entre les pointes de pierre, elles-mêmes trouées de part en part par des tuyaux acheminant de la lave vers les forges souterraines. La petite cra à ses côtés se leva doucement, s’étira en baillant, et se frotta les yeux. Il lui caressa la tête, puis l’aida à sortir de la calèche.
« Viens, Maya. On va s’arrêter là un moment. Tu vas pouvoir t’entraîner un peu… Et qui sait, tu vas peut-être te faire un ami ici ! »


♠ Fin de la prologue.

[BG Wanupo] Feu et Cendre


Chapitre 0 : « Un début dans la poussière »


Le soleil se levait sur le petit village de sidimote. Coincé dans un cirque entouré de pointes à pic, le petit village était comme un autre monde, coupé de l’agitation de Brakmar. Évidemment, cet emplacement précis possédait bien plus de défauts que de qualités : L’eau y était de mauvaise facture, souillée par le sable de roche et les gaz rejetés par les fonderies de la grande ville, et les caisses de nourritures qui ne parvenait qu’au levé du jour, tout les lundis et vendredi de la semaine était remplie d’infâmes immondices sèches, pourries ou sans aucun goût. C’est comme cela que vivait ses gens, qui n’avait jamais connu mieux que cet endroit, la plupart d’entre eux étant bien trop illettrés et incultes pour décider de s’aventurer plus loin. Tout un coup, entre les vielles maisons de pierre, un « petit bonhomme bien connu dans l’coin » comme se plaisait à répéter les vieillards, courait dans les allées en levant la poussière sur son passage. «  Des démons ! Des centaines de milliers de créatures de la shukrute j’ vous dis ! -Hh… Hh… B’jour m’dame Braillarde !- Bonjour, mon petit. DES DEMONS ! J’ETAIS LA, J’AI TOUT VU ! » Madame Braillarde était aussi une animation connue du village. Mais Madame Braillarde ne pouvait pas se vanter, elle, d’avoir une foule en délire à ses fesses.«  Reviens ici, saleté d’ chacha d’gouttière ! On vas te défoncer, t’vas voir, voleur ! » Malheuresement pour le petit rouquin, les gamins étaient plus rapide. Une fois plaqué contre le mur par le col, il connaissait déjà la suite. « Alors comme ça t’ose piquer dans not’ bouffe ? Tu crois qu’ça s’fait, d’voler d’poms chez les gens comme nous ? Le garçon qui semblait être le chef de la bande cracha au sol. Comme ça tu veux pas la rendre, hein ? C’est l’heure de ta p’tite correction, machin ! » Une fois roué de coups, les gamins s’éloignèrent en rigolant. Mais bizarrement, notre petit écaflip à rayure semblait heureux, lui aussi. Il essuya un peu de sang au coin de sa bouche, et sortit une vielle pom de sa poche. Il la fit sauter un peu dans sa main gauche, avant d’y porter ses canines pointues. « C’est plutôt une bonne journée, aujourd’hui. » Se disait-il. Pour ce petit chacha, cette vie là était une vie normale, pas spécialement difficile ou horrible. Pour lui, c’était ça, la vie de tout le monde. Tout d’un coup, le jeune écaflip remarqua quelque chose de nouveau, en bordure du village. Des tentes et des installations mécaniques qu’il n’avait jamais vu avant. Poussé par la curiosité, il enjamba la haie et se dirigit vers une installation entourée de verre, derrière laquelle on pouvait voir des hommes en armures s’entrainer au maniement du sabre. La tête collée à la vitre, il les regardait, émerveillé. « J’ peux t’aider, bonhomme ? » Un homme de bonne taille, un chapeau orangé vissé sur la tête regardait le petit garçon, avant qu’il ne lève son couvre chef du bout du doigt. Le petit rouquin plongea ses yeux de chacha dans ceux de l’homme, avant de remarquer ses moustaches et sa truffe d’écaflip.« J’m’apelle Enrique. J’suis un… « garde de brakmar », comme ses fiers gaillards. Et toi c’est quoi ton nom, partenaire ? » Le grand écaflip avait un sourire chaleureux, et sûrement parce qu’ils avaient tout d’eux un physique assez semblable dû à leurs religions, le petit écaflip se sentait en confiance. « J’ai pas d’nom ! Comme j’suis l’treizième d’ la famille et que j’suis trop faible pour travailler, p’pa et m’ma m’on pas donné d’nom. En fait, il parle pas trop avec moi. Mais les garçons du coin m’appellent Wanupo, parce que c’est rigolo qu’ils disent. » Enrique se mordit la lèvre, avant de faire mine de réfléchir. «  Tu veux jeter un coup d’œil à l’intérieur, Wanupo ? » En voyant les étoiles dans les yeux du petit bonhomme, il ouvrit la porte de bois et le laissa entrer.

♠ A suivre !

Chapitre 1 : « Une étincelle s’éveille mais n’éclaire pas les ténèbres. »

– Ce sont ses objets ? Pourquoi sont-ils baillonés ?

– Ho. Tu comprends vite, jeune homme. Ses démons vois-tu, sont très intelligents. Ils sont capable de manipuler les hommes. Sous cette forme, ils ne sont capable de n’user d’aucun de leurs pouvoirs, sauf un seul : La parole. Il savent comment nous fonctionnons et tente d’embrouiller notre esprit afin d’être libérés de leurs prisons… L’écaflip regarda un moment les armes et les bijoux, avant de tourner la tête vers des objets bien moins spectaculaires, posés sur une table de bois ornementée.

– Pourquoi ceux-là ne sont pas baillonés ? Pourquoi ce ne sont pas des armes et des bijoux, ceux là ?
– Ceux-ci ? Ho, ce sont des démons mineurs, que nous avons récupéré en surplus. Ils sont faible et stupide, bon à ne berner que des enfants. On les reconnait à leurs formes d’objets sans intérêt. Les yeux de Wanupo s’arrêterent vers un petit grelot qui émettait une musique entraînante.
– Pon pon pon~ ! Je suis Bell ! Je peux t’apprendre à faire des gâteaux délicieux pour séduire celui que tu aimes ! Le grelot était doré et possédait de jolis motifs de spirales. Il bougeait de gauche à droite, se tortillait sur la table, comme impatient.

– Hum... Désolé, je ne suis pas intéressé par la pâtisserie. Des bruits de pas se firent entendre à l’extérieur, tandis que Maya glissa le bout de sa tête dans l’embrasure de la tente.

– Et, machin. Enrique reviens de mission et il veut nous dire quelque chose, ne le fait pas attendre. Wanupo s’éloigna et tourna une dernière fois le regard vers les objets de la tente. Et ce que c’était pour cela qu’Enrique et les autres était ici ? Le jeune écaflip ne le savais pas, mais lorsqu’il tourna le dos, il ressentit un frisson parcourir son corps. « Et si les démons pouvait sortir ? »

♠ À suivre !

Chapitre 2 : « Des lucioles dans la nuit. »


« Alors, c'est vraiment tout ce que tu peux faire ? »

La jeune fille blonde attrapa la branche et sauta de l'autre côté sans difficultés, sans même regarder derrière elle. Elle souri en sachant qu'elle avait toujours de l'avance sur Wanupo rien qu'à entendre le bruissement des feuilles et des branchages poussés par le disciple d'Ecaflip pendant leurs course. Mais une ombre accéléra rapidement et apparu sur le côté de la jeune fille, qui se retourna pour tout juste avoir le temps de voir un éclair orangé qui sautait au dessus d'un tronc déchiqueté pour arriver devant elle, levant un poing victorieux.

« Hh... J'ai gagné ! »

Visiblement dépité, la fille aux cheveux blonds et court fit quelques pas avant de se plier en deux pour reprendre son souffle. Cela faisait déjà deux jours qu'Enrique leurs avait autorisé de se déplacer jusqu'aux abords du Bois de gueule, plutôt loin du campement qu'ils avaient avec les gardes de Brâkmar. Selon Enrique, c'était pour qu'ils s'entraînent physiquement un peu plus pour viser plus haut leurs objectifs, toujours armés de leurs sabres en bois. Mais il n'y avait pas à faire, Maya avait beau se donner à fond, Wanupo, sûrement à force de devoir escalader et courir dans la ville toute la journée, était beaucoup plus rapide qu'elle dans n'importe quel environnement.

« Ouah j'imagine que hh... T'es super fier de toi d'avoir battu une fille... Hh...En plus t'as triché en prenant appui sur la souche à la fin... »

« Même pas vrai ! Sale menteuse ! »

C'était malheureusement souvent comme ça que se finissait une course ou un combat entre les deux enfants. Mais cette fois pourtant, l'atmosphère était différente. Des bruits de sabots entre les arbres firent revenir Maya et Wanupo à la réalité, alors qu'ils étaient encore en train de se crêper le chignon.   Un souffle chaud s'éleva derrière les buissons tandis qu'une vielle carapace de scarafon fut écrasé par le poids de la créature qui s'avançait vers le duo. C'était un gros bouftou de guerre tapissé de blessures et de cicatrices, une sorte de lance encore plantée dans le flan, d'où s'échappait du sang ce qui semblait que cette blessure était récente.

« Un... Bouftou de guerre... COURS ! »

Maya attrapa l'écaflip par le poignet et se mit à courir dans la forêt en tentant de revenir vers le campement, mais la créature était à leurs trousses et se déplaçait beaucoup plus vite qu'eux, même passer entre les arbres fins ne servait qu'à gagner quelques secondes puisqu'elle détruisait tout les obstacles sur son passage. Les deux enfants se lâchèrent finalement mais continuèrent à courir l'un à côté de l'autre, avant que le visage de Maya se déforme à cause de la surprise. Un mur de roche noire leurs barrait le passage, une impasse. Les deux enfants posèrent leurs mains sur la surface chaude en tentant de l'escalader ou en regardant à gauche et à droite, mais il n'y avait aucune issue possible. Ils étaient piégés et à la merci de la créature.

« M-mince... Ho non... Que... Qu'est ce qu'on va faire...? »

Les cornes de l'animal se plantant dans son estomac apparurent comme des flash dans l'esprit de Maya. Le bouftou de guerre semblait habité par une véritable envie de tuer tout ce qu'il trouverait sur son passage. La mort, c'est sûrement ce qui allait arriver. La jeune fille pensa aussi à Wanupo, en se demandant qui allait bien pouvoir être attaquer en premier, ce qui permettrait peut-être à l'autre de s'enfuir. Elle se mordit les lèvres en remarquant qu'elle pensait à quelque chose d'aussi égoïste, avant qu'une ombre lui passe devant, la faisant ouvrir les yeux.

« Maya ! Cours ! Je vais l'occuper... Ça te laissera le temps de t'enfuir et de prévenir les autres ! »

Wanupo s'était mis devant Maya sans hésiter, son sabre en bois dressé et porté à deux mains devant lui. Les yeux de la jeune fille se perdirent dans les poils orangés qui lui tournaient le dos, tandis qu'elle ne su même plus quoi penser. Est ce que c'était parce qu'il avait la vie dure qu'il apportait aussi peu d'importance à sa propre vie, ou était-il juste trop peu éduqué pour comprendre le danger de la situation ? Dans tout les cas, dans l'esprit de Maya, la seule chose qui lui vint à l'esprit fut un mot bien plus beau "courage".

« P-pourquoi... »

Les pas de l'animal se rapprochaient. Il n'était plus qu'à quelques mètres des enfants, l'écaflip roux toujours devant la jeune fille aux cheveux blonds, le regard posé sur le monstre qui avançaient dans leurs direction.

« Parce que... Moi aussi, je veux être un héros comme eux ! C'est ça que je voudrais faire quand je serais grand comme Enrique... Me battre contre les monstres et sauver les gens ! »


« Wanupo... »

Mais il n'y avait plus aucune issue. Le bouftou de guerre fonça vers Wanupo toute cornes dehors, prêt à l'empaler comme une souche d'arbre. Le disciple d'écaflip plissa les yeux, levant toujours son sabre en tremblant. Maya s'accrocha à ses vêtements en fermant les yeux, totalement terrifié. Mais une ombre passa au dessus du duo, leurs cachant la vision un instant. Wanupo ferma les yeux en plaçant un avant bras devant lui comme pour se protéger. Mais le silence avait suivit le beuglement de l'animal. Il ouvra finalement les yeux.

« Et bien et bien... Juste à temps, on dirait. Je n'aurais pas du vous laisser seuls, vous deux. »

Enrique se tenait devant l'animal, son long sabre noir placé horizontalement contre les cornes éraflées du monstre, les deux armes produisant des étincelles en se frottant l'une contre l'autre. D'une puissante pression des bras et de son arme, Enrique éloigna le bouftou de guerre de plusieurs mètres, puis se remit en position de combat pendant que les deux enfants se décrispaient. Il tourna la tête vers Wanupo et leva son chapeau du bout du doigt.

« N'oublie jamais, Wanupo... Quand tu sauves une jeune fille, réajuste ton chapeau du doigt. C'est ce que font les héros ! »

L'écaflip au chapeau attrapa une carte de poker de sa veste, et la plaça entre deux doigts, sous le regard rempli d'étoiles des deux enfants. Il souffla, puis projeta sa carte de poker au dessus du bouftou, celle-ci se transformant en une véritable langue de feu qui arracha un petit cri de surprise de la part des deux enfants. L'attention du bouftou fut pendant un instant elle aussi prise par la flamme lui passant au dessus, pendant qu'Enrique éloigna un pied et se tendit un peu, se mettant dans une pose de combat un peu plus différente, comme si il allait bondir avec son sabre noir.

« C'est parfait puisque de toute façon... Je voulais vous apprendre cette technique, vous deux. »

« Voici... Le dernier mouvement de l'école du sabre, le Coup Faucheur ! »

Enrique s'élança en avant, tenant son arme d'une seule main, bondissant vers le bouftou de guerre. Il tourna très légèrement sur le côté tout en accélérant au maximum sa vélocité, avant de pivoter au dernier moment entièrement. En un instant, il se retrouva derrière le monstre, son bras étiré droit devant, son sabre brandit alors qu'il était à moitié plié, comme si il avait fait un mouvement d'escrime. Il se releva et rangea son sabre dans son fourreau, le bouftou semblant totalement pétrifié. La lance plantée dans le flan de l'animal se trancha en une centaine de morceaux qui tombèrent au sol, laissant, après un instant, l'animal libéré fuir d'un autre côté sous le regard émerveillé de Wanupo et Maya.

Le monstre en fuite, Enrique raccompagna les deux enfants au camp sans dommages, encore sous le coup de l’émotion des dernières heures. La nuit déjà pointait le bout de son nez, sans qu'ils n'eurent le temps de le remarquer. Maya se réveilla dans la nuit, ne parvenant pas à dormir. Elle sortit de sa tente en se frottant les yeux, voyant Wanupo au loin, assis au bord d'une falaise escarpée. Un peu curieuse, elle vint à sa rencontre pour s'asseoir à côté de lui.

« Wanupo, je ne t'avais pas remercié pour la dernière fois... C'était très courageux ce que tu as fait. Qu'est ce que tu fais ici, tu n'arrives pas à dormir ? »

« Ça se voit pas ? Je suis avec mes amis. »

Maya leva la tête dans la direction où Wanupo regardait, vers le ciel. C'est alors que sa vision fut enveloppée d'une infinité d'étoiles brillants de mille feu. Cette vision l'émerveilla, elle qui ne s'était jamais vraiment attarder à regarder au dessus de sa tête. Dans une nuit noire comme celle là, toutes les étoiles étincelaient d'autant plus fort, comme un millier de lucioles dans la nuit.

« Tout les soirs, je viens ici pour lever la tête. Quand je les vois comme ça, c'est un peu comme pleins d'amis qui me font des signes d'en haut. Un jour, j'aimerais bien être assez grand pour pouvoir les rencontrer, mais en attendant je reste ici et je les regarde. »

Un bruit de sanglot arracha l'écaflip à sa contemplation, tandis qu'il descendait la tête vers Maya, pris au dépourvu. La jeune fille était en train de pleurer à chaude larmes, des deux mains tentant sans y parvenir de retenir tout ce qu'elle était en train de faire sortir. Wanupo cligna des yeux un peu surpris, puis posa sa main sur la tête de Maya, soufflant doucement comme pour la réconforter.

« Hé, ne pleure pas... Je peux être ton ami à toi aussi. »

La blondinette sécha ses larmes, laissant Enrique, adossé à la pierre en les regardant de loin, sourire en les voyant se faire un câlin finalement.

« Et bien, déjà un tombeur hein... Haha... Je dois protéger ces deux là. »

Le grand écaflip réajusta son chapeau et se retira du muret pour repartir en direction des tentes. Il sentait que d'une façon ou d'une autre, quelque chose allait mal se passer. Il souhaitait simplement qu'il y est encore un peu de temps avant que tout ça ne s'arrête.

♠ À suivre !